S'associer à Ryanair présente toujours un risque pour les aéroports. Bien que la compagnie irlandaise soit un moteur indéniable de croissance et de développement du trafic passagers, de nombreux aéroports régionaux courtisent cette compagnie à bas coûts en lui accordant d'importantes subventions. Le dernier exemple en date est l'aéroport de Trieste en Italie, qui est devenue une nouvelle base Ryanair et a ajouté 7 nouvelles destinations, dont Paris Beauvais, à son réseau. Un cas similaire est celui de l'aéroport de Béziers-Cap d'Agde, qui propose une taxe réduite de seulement 5,5 euros par passager pour toute nouvelle ligne créée, ce qui rend l'aéroport fortement dépendant du trafic low-cost, avec Ryanair comme unique opérateur sur la plateforme, à hauteur de 99,6%.

Cependant, la compagnie irlandaise peut également devenir un facteur de déstabilisation lorsque des problèmes surviennent. Pour Ryanair, l'"émergence d'un problème" est souvent liée à une augmentation de la taxe passager. Par exemple, une récente hausse des taxes aéroportuaires en Allemagne s'est traduite par une diminution de la présence de Ryanair dans le pays, avec la fermeture de bases à Francfort-Hahn et Berlin. Néanmoins, les deux aéroports continuent d'être desservis à partir d'autres bases Ryanair. En 2011, la compagnie avait également fermé sa seule base en France, à Marseille, en raison d'une augmentation des taxes aéroportuaires, avant de la rouvrir par la suite.

Actuellement, les préoccupations de Michael O'Leary, le PDG de Ryanair, se concentrent sur l'aéroport de Bordeaux. Il a récemment déclaré à l'AFP : "L'aéroport veut doubler nos charges, et nous ne voulons pas payer. Il y a un vrai risque que nous fermions notre base à Bordeaux, peut-être à la fin de la saison d'été."

Si Ryanair fermait sa base à Bordeaux, cela aurait un impact significatif sur l'aéroport. En effet, la compagnie aérienne propose cet été 39 destinations, ce qui représente 42% de l'offre totale de 93 destinations pour l'été 2024 au départ de Bordeaux. Ryanair est ainsi le principal opérateur en nombre de lignes, devançant easyJet (33 lignes) et Volotea (29 lignes).

Pour les voyageurs d'affaires, Ryanair offre notamment entre 5 et 7 fréquences hebdomadaires depuis Bordeaux vers des destinations telles que Bergame, Bruxelles-Charleroi, Dublin, Londres, Marseille, Porto, Rome et Séville.

Parmi les 39 destinations desservies par Ryanair à Bordeaux, seules 15 sont en concurrence avec d'autres transporteurs. Il s'agit de Figari, Ibiza, Lisbonne, Londres (Stansted pour Ryanair, Luton et Gatwick pour easyJet), Malaga, Manchester, Marrakech, Marseille, Minorque, Naples, Palma, Porto, Rome, Ténérife et Venise. Ainsi, la perte de la base Ryanair pourrait entraîner la disparition de nombreuses liaisons directes et une réduction significative des options de voyage pour les passagers au départ de Bordeaux.

L'aéroport n'a pas encore commenté la possibilité d'augmenter ses taxes aéroportuaires. Cependant, la direction de l'aéroport cherche à apaiser les tensions. Dans un communiqué adressé à l'AFP, elle a exprimé ses regrets quant à la communication de Ryanair à ses employés concernant l'éventualité de fermer sa base, soulignant le manque de concertation préalable avec l'aéroport de Bordeaux. La direction a également déploré les déclarations publiques de Ryanair et de ses dirigeants, qu'elle juge totalement erronées concernant le niveau des redevances aéroportuaires de l'aéroport. Il est fort probable que des négociations soient déjà en cours pour résoudre ce différend.